Le marché de l’électricité est une vaste embrouille commmerciale

mardi 28 décembre 2021, par La rédaction

Dans cet article du journal Le Monde paru le 23/12/2021 la journaliste Eléa Pommiers indique que "les énergies renouvelables ont les coûts marginaux les plus faibles, elles sont appelées en premier. Si leur production ne suffit pas, on fait appel aux centrales nucléaires, puis aux centrales à énergie fossile (charbon, fioul, gaz). La plupart du temps, ce sont les centrales à gaz – l’essentiel des centrales thermiques en France – qui sont les « dernières appelées » et qui déterminent donc le prix de gros de l’électricité. "
Cependant, les coût marginaux en question ne sont pas spécifiés et on ne peut donc pas apprécier la différence qui peut exister entre le coût marginal de l’électricité issue de l’éolien et celle issue du nucléaire. Au demeurant, les recherches sur Internet pour connaître ces coût marginaux en euros sont restées vaines...

C’est quoi le coût marginal ?

La définition proposé par Wikipédia est que le coût marginal est le coût induit par une variation de l’activité. Selon le site "Connaissance des énergies" l’attribution du coût marginal le plus faible aux énergies renouvelables s’explique ainsi : "les premières unités de production appelées sont celles produisant l’électricité dite « fatale », c’est à dire l’électricité « perdue » si elle n’est pas utilisée à un instant donné (hydraulique au fil de l’eau, éolien et solaire)". De ce fait et dans le cas des énergies renouvelables intermittentes, le coût marginal ne serait donc pas induit par une variation de l’activité mais par l’impossibilité physique de stocker massivement l’électricité.

Quand une approximation comptable cache une réalité physique

La traduction en terme comptable d’une impossibilité physique laisse perplexe et même nous amène à penser qu’on cherche à nous cacher cette limite physique. En effet, pourquoi la journaliste ne fait-elle pas mention de cette impossibilité de stocker l’électricité qui rend de fait prioritaire sur le réseau de distribution celle issue des énergies renouvelables intermittentes (ENRI). En outre, si la définition de "coût marginal" se résume à un coût induit par une variation de l’activité cela signifie que l’électricité des ENRI n’est appelée que lorsque la demande se fait plus forte alors que cette énergie est toujours appelée en premier quel que soit le niveau de la demande du fait de l’impossibilité de la stocker !

La faiblesse des coûts marginaux est-elle recevable pour un appareil de production dont les coûts fixes sont énormes ?

On en vient à penser que ces coûts marginaux appliquées aux ENRI ressemblent de plus en plus à une aberration économique ou comptable qui semble incapable d’intégrer une vérité physique. Pour confirmer cette aberration on sait que les ENRI ont des coûts de production les plus élevés de tous les moyens de productions d’électricité. De ce constat, est-il admissible d’attribuer le plus faible coût marginal à ce mode de production d’électricité ? Au final, on se retrouve avec un type de production d’électricité qui en amont, en France, capte 6 milliards d’euros de subventions annuels et en aval a priorité à la revente sur l’électricité des autres modes de production avec en plus un prix garanti. Et tout ça au profit d’entreprise du secteur privé. Et dire qu’à l’origine de l’ouverture à la concurrence de l’électricité ce nouveau marché avait été présenté comme concurrentiel (donc moins cher !) , libre et transparent... Aujourd’hui, la présentation du marché de l’électricité en termes de coûts marginaux, d’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique (ARENH) et la multiplication des acteurs que ce soit pour la production, la distribution et la vente crée une grande confusion mentale chez le consommateur et le citoyen et donne finalement le sentiment justifié d’une vaste embrouille commerciale.

Le gaz fossile : le talon d’Achille des ENRI

Actuellement les actions politiques qui remettent en cause ce fonctionnement du marché de l’électricité européen se limitent à de simples déclarations verbales. Cependant, l’article du journal Le Monde décrit essentiellement que la variation haussière du prix de l’électricité est due à celle du prix du gaz pour les raisons suivantes : reprise économique post-Covid, incidents sur les gisements, problèmes d’acheminement, tensions géopolitiques et conditions météorologiques. Ces dernières conditions météorologiques ont en plus affecté la production d’électricité éolienne. En effet, l’absence de vent en Mer du Nord a du être compensé par une demande de gaz supplémentaire pour alimenter les centrales électriques. Tout ces problèmes combinés révèlent la faiblesse des politiques énergétiques qui font la part belle aux ENRI comme l’éolien et le photovoltaïque qui ne peuvent se passer des énergies fossiles dans les pays qui rejettent l’électricité nucléaire. Si les tarifs élevés de l’électricité devaient encore durer on peut espérer que les mentalités évoluent et qu’on abandonne le financement massif aux ENRI pour d’autres moyens de production si possible décarbonés comme le nucléaire.

Quand les marchands de gaz façonnent l’opinion publique

Toutefois cette évolution des mentalités risque de se voir ralentie par ceux qui n’ont pas intérêt à ce que le gaz disparaisse des politiques énergétiques comme le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ainsi, l’édition du 10 novembre 2021 du Canard Enchaîné, rapporte que ce dernier a "réussi à se forger un empire de presse" avec des prises de part de capital du journal Le Monde ainsi que dans une dizaine de magazines ("Elle", "Télé 7 jours, "Marianne", etc...). Le journal satirique précise que "le véritable business de Kretinsky reste l’énergie. La spécialité de son holding EPH, qui en 2020 a réalisé un chiffre d’affaires de 8,5 milliard d’euros consiste à racheter des centrales thermiques (gaz ou charbon) à vil prix, voire à être rémunéré pour délester les actionnaires d’actifs trop riches en CO2". Pour en revenir au journal Le Monde il serait très intéressant de faire une étude sur le nombre et le temps de présence en Une du journal des articles relatifs aux vicissitudes de production d’électricité du tandem "ENRI - énergies fossiles" ainsi qu’au marché biaisé européen de l’électricité. Il y a fort à parier que les statistiques ressortant de cette étude aboutissent à des conclusions qui soient proches de zéro.

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