Faut-il prendre sa douche froide en solidarité avec les Ukrainiens ?

Le titre de cet article peut apparaître saugrenu ou inconvenant au vu de la situation tragique de la nation ukrainienne en ce 3e jour d’invasion par les troupes russes. Pourtant, les médias français ont fait savoir que l’approvisionnement de la France était assuré à hauteur de 17% par la Russie. Et si notre moyen de chauffer l’eau domestique est une chaudière à gaz alors cela signifie qu’une partie des 17% du montant de notre facture de gaz ira à la Russie l’autre partie allant à l’opérateur (Engie, Total Energies…). Ce geste symbolique mais risible, dérisoire et pénible (surtout en hiver) et forcément confidentiel (sauf exhibition sur Youtube, TikTok …) peut être évité si on remplace sa chaudière au gaz par un ballon d’eau chaude et en passant à l’électrique pour ses radiateurs.

Est-ce que l’Allemagne est prête à grelotter ?

Si ce sont les Allemands qui optent pour ce type de lutte ce sera moins symbolique car leur approvisionnement en gaz est beaucoup plus dépendant de la Russie qui les fournit à hauteur de 55%. La transition énergétique menée par ce pays depuis le début des années 2000 substituant le nucléaire et accessoirement le charbon à la trilogie inséparable éolienne-photovoltaïque-gaz n’étant pas étrangère à un tel taux de dépendance.

La transition énergétique européenne finance la guerre

Ce qui revient à dire en substance qu’une transition énergétique basée sur l’éolien et le photovoltaïque dont l’intermittence serait assurée par des centrales à gaz est une double compromission. D’abord parce qu’elle est serrifiante : une centrale à gaz (méthane) émet au minimum 350g CO2 eq /kWh et ensuite parce qu’elle est politique : l’argent de ce gaz finance une dictature répressive, violente et belliqueuse. C’est aussi constater qu’il est bien tard pour prendre des sanctions contre la Russie car la transformation d’un système national de production électrique s’évalue en décennies. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait quand la Russie a agressé la Géorgie en août 2008 ou quand la journaliste Anna Politovskaïa, militante des droits de l’homme, a été assassinée en octobre 2006 ? Il faut croire qu’il existe des intérêts considérés comme bien supérieurs à ces événements et que certaines entreprises françaises auraient beaucoup à y perdre. Ainsi, l’entreprise Total Energies a dégagé un bénéfice de 13,6 milliards d’euros en 2021 et Engie 3,7 milliards d’euros. Seulement à force de laisser-faire ou de prendre des micro-sanctions on se retrouve avec un loup dans notre bergerie démocratique qui se joue de nos peurs et de nos compromissions.